Publié le 18 avril 2024

La clé pour éviter les blessures après 35 ans n’est pas de s’entraîner moins, mais d’apprendre à déchiffrer les signaux de votre corps pour gérer intelligemment sa charge d’entraînement.

  • Une douleur matinale, même légère, est le premier signe d’une surcharge tendineuse qui, si ignorée, peut mener à des mois d’arrêt.
  • L’échauffement dynamique est supérieur à l’étirement statique pour préparer les muscles à l’effort et prévenir les déchirures.

Recommandation : Respectez scrupuleusement la règle de progression de 10 % maximum de volume par semaine pour permettre à vos tissus de s’adapter et de se renforcer.

Passé 35 ans, le corps du sportif de loisir envoie des messages qu’on avait l’habitude d’ignorer. Cette petite raideur au tendon d’Achille le matin, cette sensibilité au genou après une course sur l’asphalte du canal Lachine… On met ça sur le compte de la fatigue ou de l’âge, en se disant que « ça va passer ». On continue de suivre les conseils habituels : « étirez-vous bien », « faites un bon échauffement ». Pourtant, les « bobos » deviennent plus fréquents, plus tenaces. Le plaisir de bouger est de plus en plus souvent remplacé par la crainte de la prochaine blessure.

Le problème ne vient pas de votre corps qui vieillit, mais de la manière dont vous interagissez avec lui. Les solutions génériques ne fonctionnent plus car elles ne tiennent pas compte d’un facteur essentiel : votre capacité d’adaptation tissulaire. La véritable prévention des blessures ne réside pas dans une liste d’exercices universels, mais dans l’acquisition d’une compétence fondamentale : celle de devenir le gestionnaire éclairé de votre propre mécanique corporelle. Il s’agit d’apprendre à lire les signaux avant-coureurs, à comprendre le concept de charge tissulaire et à faire des choix préventifs au quotidien.

Mais si la clé n’était pas de simplement éviter la douleur, mais plutôt d’interpréter ce qu’elle essaie de vous dire ? Cet article adopte la perspective d’un physiothérapeute du sport pour vous donner les outils concrets afin de bâtir un programme de prévention intelligent et personnalisé. Nous allons décortiquer ensemble les mécanismes des blessures les plus courantes et, surtout, vous montrer comment les anticiper. De l’échauffement à la récupération, en passant par le choix des chaussures et la nutrition, vous apprendrez à transformer votre routine pour qu’elle protège votre corps, au lieu de le mettre à l’épreuve.

Ce guide est structuré pour vous accompagner pas à pas dans la construction de votre propre stratégie de prévention. Chaque section aborde une question cruciale que se posent les sportifs québécois, en vous fournissant des réponses claires et des actions concrètes pour continuer à pratiquer vos activités favorites, en toute sécurité et pour longtemps.

Pourquoi ignorer une douleur tendineuse matinale peut vous arrêter pour 6 mois ?

La douleur tendineuse matinale est l’un des signaux d’alarme les plus sous-estimés par les sportifs amateurs. Cette raideur ou cette douleur au premier pas hors du lit, qui semble s’estomper après quelques minutes de marche, n’est pas anodine. C’est le signe clinique principal d’une tendinopathie réactive. En d’autres termes, votre tendon vous crie qu’il n’a pas supporté la charge d’entraînement de la veille. Continuer à s’entraîner « par-dessus la douleur » transforme cette phase réactive, souvent réversible en quelques jours, en une phase de « tendon remanié », puis de « tendinopathie dégénérative », où la structure même du tendon est altérée. Le chemin du retour est alors beaucoup plus long et complexe.

Ignorer ce signal, c’est comme continuer à rouler avec le voyant d’huile allumé. Au début, la voiture fonctionne encore, mais la dégradation mécanique est inévitable et silencieuse. Pour le tendon, chaque entraînement sur une structure déjà en souffrance aggrave les micro-lésions, créant une cascade inflammatoire chronique. Ce qui aurait pu être géré avec 48h de repos et une réduction de la charge se transforme en une blessure qui peut nécessiter de 3 à 6 mois, voire plus, de réadaptation supervisée pour reconstruire la capacité du tendon à tolérer la charge.

Étude de cas : Le syndrome de la première pelletée au Québec

Chaque automne et chaque début d’année, les cliniques de physiothérapie voient une augmentation des blessures liées au retour trop rapide à l’entraînement ou à des activités physiques inhabituelles, comme le fameux pelletage après une tempête de neige. Guillaume Hamel, ancien physiothérapeute en chef de l’Impact de Montréal, souligne que même avec de bonnes intentions, un retour hâtif après une période d’inactivité expose à des risques importants. Le corps a perdu sa « mémoire » de la charge, et une douleur qui apparaît après la première séance, si elle est ignorée, peut rapidement évoluer vers une blessure incapacitante pour toute la saison.

La gestion proactive est donc essentielle. Dès l’apparition d’une douleur matinale, il faut écouter son corps et ajuster le tir immédiatement. Cela implique une réduction drastique de l’intensité et du volume, l’analyse des facteurs aggravants (chaussures, surface, technique) et l’introduction d’exercices de renforcement isométrique pour calmer la douleur et stimuler la guérison du tendon. C’est en agissant à ce stade précoce que l’on évite la longue pente glissante de la blessure chronique.

Reconnaître et respecter ces premiers signes n’est pas une preuve de faiblesse, mais la marque d’un sportif intelligent qui vise la longévité.

Statique ou Dynamique : quels étirements faire avant un match de soccer ?

La question des étirements avant un effort intense comme un match de soccer a longtemps fait débat. Pendant des années, la routine classique consistait à tenir des étirements statiques (maintenir une position d’étirement pendant 30 secondes). Or, la science du sport a démontré que cette pratique est non seulement inefficace pour prévenir les blessures aiguës, mais qu’elle peut même être contre-productive. Un étirement statique prolongé peut diminuer temporairement la force explosive et la réactivité du muscle, des qualités essentielles au soccer. Le consensus scientifique est clair : l’échauffement doit être dynamique.

L’échauffement dynamique consiste en une série de mouvements contrôlés qui font travailler les muscles et les articulations sur toute leur amplitude. Pensez aux fentes marchées, aux rotations de hanches, aux « talons-fesses » ou « montées de genoux ». L’objectif n’est pas d’étirer passivement un muscle froid, mais d’augmenter progressivement la température corporelle, d’activer le système nerveux, de lubrifier les articulations et de préparer les schémas moteurs spécifiques au sport. Pour un joueur de soccer, cela signifie préparer les ischio-jambiers aux sprints, les adducteurs aux changements de direction et les hanches aux frappes de balle. Il s’agit d’une véritable répétition générale pour le corps.

Joueurs de soccer effectuant des exercices dynamiques sur un terrain extérieur

L’importance d’une routine bien menée est capitale, surtout en sport amateur où l’encadrement est moindre. Des études confirment que 30 à 40 % des blessures en football amateur sont musculaires, et qu’une grande majorité pourrait être évitée par un échauffement structuré. Un bon échauffement prépare non seulement le corps mais aussi l’esprit, en augmentant la concentration et la réactivité, diminuant ainsi le risque de blessures liées à un manque d’attention ou à une mauvaise coordination.

Routine d’échauffement pour le soccer en 15 minutes

  1. Mise en route (5 min) : Course légère sur la largeur du terrain, en intégrant progressivement des mouvements de mobilité articulaire (cercles de bras, rotations du torse).
  2. Passes et déplacements (4 min) : Travail de passes courtes à deux, en insistant sur la qualité de l’appui et le déplacement immédiat après la passe.
  3. Conservation de balle (Rondo 4v1) (5 min) : Petit jeu de conservation pour travailler la réactivité, la prise d’information et les transitions rapides.
  4. Accélérations progressives (3 min) : 3 à 4 sprints sur 20-30 mètres, en augmentant l’intensité de 70 % à 100 %.
  5. Retour au calme pré-match (2 min) : Quelques passes courtes et des étirements activo-dynamiques (légers balancements de jambes) pour finaliser la préparation.

Cet enchaînement progressif assure que tous les systèmes physiologiques sont prêts pour l’intensité du match, minimisant le risque de claquage ou de déchirure musculaire dès les premières minutes de jeu.

En somme, abandonnez les vieilles habitudes statiques et adoptez une approche dynamique pour arriver sur le terrain non seulement chaud, mais véritablement prêt à jouer.

Minimaliste ou Maximaliste : quelle chaussure choisir pour protéger vos articulations ?

Le choix des chaussures est une décision cruciale pour tout sportif, particulièrement pour ceux qui pratiquent des sports à impact comme la course à pied. Le débat entre chaussures minimalistes (faible amorti, simulant la course pieds nus) et maximalistes (amorti très important) est souvent polarisé. En réalité, il n’y a pas de réponse unique : la chaussure idéale dépend de votre biomécanique, de votre historique de blessures, et surtout, du type de terrain sur lequel vous évoluez.

Les chaussures maximalistes, avec leur semelle épaisse, offrent un amorti supérieur qui peut être bénéfique pour les coureurs qui attaquent le sol avec le talon ou ceux qui parcourent de longues distances sur des surfaces dures comme l’asphalte. Elles réduisent les forces d’impact qui remontent dans les genoux et les hanches. Cependant, cet excès d’amorti peut aussi « déconnecter » le pied du sol, diminuant la proprioception (la perception du corps dans l’espace) et potentiellement affaiblir les muscles stabilisateurs du pied à long terme.

À l’inverse, les chaussures minimalistes favorisent une attaque « avant-pied » ou « médio-pied », qui utilise les structures naturelles du corps (le mollet, le tendon d’Achille) comme un ressort pour amortir l’impact. Elles renforcent les muscles intrinsèques du pied et améliorent la proprioception, ce qui est un atout sur des terrains techniques. Le risque, cependant, est une transition trop rapide. Passer d’une chaussure très amortie à une chaussure minimaliste sans une adaptation progressive expose à un risque élevé de fractures de stress, de tendinopathies d’Achille ou de fasciites plantaires, car les tissus ne sont pas préparés à cette nouvelle charge.

Pour le sportif québécois, le choix doit être stratégique et adapté aux saisons et aux activités.

Comparaison des chaussures selon le terrain québécois
Type de terrain Chaussure recommandée Avantages Risques à éviter
Asphalte urbain (Canal Lachine) Maximaliste Amorti optimal, protection des articulations Impacts répétés sur surface dure
Sentiers naturels (Mont-Saint-Bruno) Minimaliste modérée / Trail Meilleure proprioception, stabilité Perte de contrôle sur terrain accidenté
Neige tapée (hiver québécois) Trail avec crampons Adhérence, stabilité latérale Glissades, entorses de cheville

La meilleure approche est souvent un juste milieu : une chaussure avec un faible « drop » (différence de hauteur entre le talon et l’avant-pied) mais un amorti modéré peut offrir le meilleur des deux mondes pour de nombreux coureurs. La clé est l’écoute de son corps et une transition très progressive si vous décidez de changer de type de chaussure.

Consultez un spécialiste en magasin de course ou un physiothérapeute pour une analyse de votre foulée avant tout achat majeur. Votre chaussure est votre premier outil de prévention.

L’erreur d’augmenter votre volume de course de plus de 10% par semaine

L’une des erreurs les plus fréquentes commises par les sportifs, qu’ils soient débutants ou expérimentés, est une augmentation trop rapide de la charge d’entraînement. Poussés par l’enthousiasme d’une nouvelle saison ou l’objectif d’un prochain demi-marathon, ils augmentent drastiquement leur kilométrage ou l’intensité de leurs séances. C’est la recette parfaite pour une blessure de surcharge. Les tendons, les os et les muscles ont une capacité d’adaptation limitée, une sorte de « fenêtre d’adaptation » physiologique. Si vous augmentez la charge trop brutalement, vous sortez de cette fenêtre, et le processus de renforcement se transforme en un processus de dégradation.

La « règle des 10 % » est un principe directeur fondamental en science du sport pour gérer cette progression. Elle stipule que vous ne devriez pas augmenter votre volume d’entraînement total (distance, durée) de plus de 10 % d’une semaine à l’autre. Cette règle simple mais efficace permet à vos tissus de s’adapter, de se réparer et de se renforcer entre les séances. Des sources médicales de référence, comme le CHUV, suggèrent même qu’un palier d’augmentation de 10 à 20 % par semaine est souvent adapté, mais pour un sportif de loisir de plus de 35 ans, s’en tenir à 10 % est une approche plus sécuritaire et durable.

Graphique visuel montrant la progression d'entraînement sur quatre semaines

Par exemple, si vous avez couru un total de 20 km cette semaine, la semaine suivante, vous ne devriez pas dépasser 22 km. De plus, il est sage d’intégrer une semaine de « décharge » ou de « récupération » toutes les 3 ou 4 semaines, où vous réduisez votre volume de 20 à 30 % pour garantir une surcompensation et une adaptation complètes. Cette approche progressive s’applique aussi à l’intensité : n’ajoutez pas une séance de fractionné intense en même temps que vous augmentez votre kilométrage. Isolez les variables pour mieux contrôler la charge tissulaire globale.

La transition entre les surfaces, très fréquente au Québec au printemps, doit aussi être gérée. Passer du tapis roulant à l’asphalte ou aux sentiers représente une nouvelle contrainte pour le corps. Voici un plan de progression sécuritaire :

  • Semaine 1 : Maintenez votre volume de base. 80 % de vos sorties sur tapis roulant, 20 % à l’extérieur sur terrain plat.
  • Semaine 2 : Augmentez votre volume total de 10 %. Passez à 60 % sur tapis et 40 % à l’extérieur.
  • Semaine 3 : Maintenez le même volume que la semaine 2 (semaine d’adaptation). Répartissez 40 % sur tapis et 60 % à l’extérieur, en intégrant un léger dénivelé.
  • Semaine 4 : Augmentez à nouveau le volume de 10 %. Faites 80 % de vos sorties sur les sentiers.

La patience est la meilleure alliée du sportif qui souhaite performer sur le long terme. Respecter cette règle simple vous évitera des semaines, voire des mois, d’arrêt forcé.

Quand intégrer des exercices de proprioception pour sauver vos chevilles ?

La proprioception est souvent décrite comme notre « sixième sens ». C’est la capacité du système nerveux à connaître la position des différentes parties du corps dans l’espace, sans avoir à les regarder. Pour un sportif, une bonne proprioception de la cheville est cruciale : elle permet des ajustements musculaires ultra-rapides pour maintenir l’équilibre sur une surface inégale, comme une racine en sentier ou le patin d’un adversaire au hockey. Une entorse de cheville n’est souvent rien d’autre qu’un échec de ce système : le cerveau n’a pas réagi assez vite pour contracter les muscles stabilisateurs et protéger les ligaments. L’intégration d’exercices de proprioception est donc essentielle, et ce, à deux moments clés : en prévention systématique et en rééducation post-blessure.

En prévention, surtout si vous pratiquez des sports avec des changements de direction rapides (soccer, basketball, hockey, tennis) ou sur des terrains instables (course en sentier), des exercices de proprioception devraient faire partie intégrante de votre routine. Un travail régulier permet d’améliorer la conscience proprioceptive, c’est-à-dire d’affiner et d’accélérer le dialogue entre les récepteurs de votre cheville et votre cerveau. Cela ne prend que quelques minutes, 2 à 3 fois par semaine, pour réduire significativement le risque d’entorse. La préparation physique d’avant-saison, qui s’étale généralement sur 3 à 6 semaines, est le moment idéal pour mettre en place une base solide.

Après une entorse, même bénigne, le travail de proprioception n’est plus une option, il est obligatoire. La blessure ligamentaire endommage aussi les mécano-récepteurs situés dans les ligaments, ce qui « brouille » les informations envoyées au cerveau. C’est pourquoi une personne ayant subi une première entorse est beaucoup plus à risque d’en subir une seconde. La rééducation doit viser non seulement à guérir le ligament, mais aussi et surtout à « recalibrer » ce système de communication neuromusculaire. Cela passe par une progression d’exercices, allant de l’équilibre sur surface stable à des tâches plus complexes sur surface instable (comme un coussin d’équilibre ou un Bosu).

Votre plan d’action pour un audit proprioceptif

  1. Points de contact : Identifiez les moments de votre sport où la cheville est la plus sollicitée (changements de direction, sauts, terrain inégal).
  2. Collecte : Testez votre équilibre de base. Tenez sur une jambe, yeux ouverts, puis yeux fermés. Pouvez-vous tenir 30 secondes sans perdre l’équilibre ?
  3. Cohérence : Vos exercices actuels incluent-ils un travail unipodal (sur une seule jambe) ? Si non, il y a un manque dans votre routine préventive.
  4. Mémorabilité/émotion : Intégrez des exercices spécifiques à votre sport pour rendre le travail plus engageant (ex : passes contre un mur en équilibre pour un joueur de soccer).
  5. Plan d’intégration : Ajoutez 2 à 3 exercices de proprioception à la fin de votre échauffement, 3 fois par semaine, en progressant en difficulté toutes les 2 semaines.

Voici quelques exercices simples et ciblés pour les sports populaires au Québec :

  • Hockey : Tenez en équilibre sur une jambe pendant 30 secondes, en mimant lentement le mouvement de patinage avec l’autre jambe.
  • Randonnée : Marchez sur une ligne imaginaire au sol, un pied devant l’autre, en fermant les yeux pendant quelques secondes à chaque pas.
  • Course hivernale : Faites de petits sauts latéraux d’une jambe à l’autre, en vous concentrant sur une réception stable et contrôlée.
  • Soccer : Tenez-vous en équilibre sur votre jambe d’appui et faites des passes contre un mur avec votre autre pied.

Consacrer du temps à la proprioception, c’est investir dans l’assurance la plus efficace contre les entorses à répétition.

Cerises ou Curcuma : quels aliments naturels accélèrent la guérison des micro-déchirures ?

Chaque entraînement intense crée des micro-déchirures dans vos fibres musculaires. C’est un processus normal et même souhaitable : c’est la réparation et la surcompensation de ces micro-lésions qui rendent vos muscles plus forts. Cependant, la qualité et la vitesse de cette réparation dépendent énormément de ce que vous consommez après l’effort. Une nutrition post-entraînement adéquate ne se limite pas aux protéines et aux glucides ; elle doit aussi inclure des composés anti-inflammatoires et antioxydants pour contrôler la réponse inflammatoire et accélérer la régénération tissulaire. Le curcuma (grâce à la curcumine) et les cerises (riches en anthocyanes) sont souvent cités, mais le Québec regorge de superaliments locaux tout aussi puissants.

L’inflammation est une réponse normale et nécessaire à la guérison, mais une inflammation excessive ou prolongée peut retarder la récupération et augmenter les douleurs musculaires post-effort (les fameuses « DOMS »). Les aliments riches en polyphénols, comme les petits fruits, aident à moduler cette cascade inflammatoire. Les bleuets sauvages du Lac-Saint-Jean, par exemple, sont l’une des sources les plus concentrées d’anthocyanes, des antioxydants qui ont démontré leur efficacité pour réduire les dommages musculaires et améliorer la récupération de la force.

De même, les canneberges du Centre-du-Québec sont riches en proanthocyanidines, un autre type de polyphénol aux propriétés anti-inflammatoires. Plutôt que de se tourner vers des alternatives importées comme les baies de goji, privilégier les produits locaux est non seulement un choix écologique mais aussi une excellente stratégie nutritionnelle. L’huile de canola québécoise, riche en oméga-3 ALA, offre également une alternative intéressante à l’huile d’olive pour équilibrer le ratio oméga-6/oméga-3, un facteur clé dans la gestion de l’inflammation systémique.

Pour optimiser la récupération, l’idéal est de consommer ces aliments dans la « fenêtre métabolique » de 30 à 60 minutes suivant l’effort, combinés à des protéines et des glucides. Un smoothie est une solution simple et efficace.

Voici une recette de smoothie de récupération 100 % québécois :

  • 250 ml de lait d’avoine ou de lait de vache local
  • 1 c. à soupe de sirop d’érable (pour refaire les stocks de glycogène rapidement)
  • 30 g de protéine de pois ou de chanvre canadienne (pour la réparation musculaire)
  • 1/2 tasse de bleuets du Lac-Saint-Jean surgelés (pour les antioxydants)
  • 1/4 tasse de canneberges du Centre-du-Québec (fraîches ou surgelées)

Mixez le tout et consommez-le rapidement pour maximiser l’absorption des nutriments et lancer le processus de guérison de vos micro-déchirures.

En conclusion, la récupération n’est pas passive. En choisissant les bons aliments, vous devenez un acteur clé de votre propre processus de guérison et de renforcement.

Pourquoi votre enfant a-t-il une bosse douloureuse sous le genou ?

Si votre enfant adolescent, particulièrement un garçon sportif âgé de 10 à 15 ans, se plaint d’une douleur et présente une bosse sensible juste en dessous de la rotule, sur le tibia, il est très probable qu’il souffre de la maladie d’Osgood-Schlatter. Bien que son nom puisse sembler inquiétant, il s’agit d’une pathologie de croissance très courante et généralement bénigne. C’est une apophysite, c’est-à-dire une inflammation du point d’insertion du tendon rotulien sur une zone de croissance de l’os du tibia (la tubérosité tibiale antérieure).

Cette affection survient pendant les poussées de croissance de l’adolescence. Durant cette période, les os grandissent plus vite que les muscles et les tendons, ce qui crée une tension accrue. Le quadriceps, le muscle puissant à l’avant de la cuisse, tire sur le tendon rotulien, qui lui-même tire sur son point d’attache sur le tibia. Chez l’enfant, cette zone d’attache est encore constituée de cartilage de croissance, plus fragile que l’os mature. La traction répétée lors d’activités sportives impliquant des sauts et des sprints (soccer, basketball, gymnastique) provoque une inflammation, une douleur et parfois la formation d’une protubérance osseuse visible.

Une erreur fréquente est de penser que l’enfant doit arrêter complètement le sport. Au contraire, un arrêt total peut être démotivant et contre-productif. La clé est la gestion de la charge d’entraînement. Il est crucial de dialoguer avec l’enfant et son entraîneur pour adapter l’intensité et le volume des activités, en évitant les mouvements qui déclenchent une douleur vive. De plus, une hyperspécialisation sportive précoce (se concentrer sur un seul sport avant 13-14 ans) est un facteur de risque majeur. Varier les activités sportives permet de développer des compétences physiques plus complètes et de répartir les contraintes sur différentes parties du corps, réduisant ainsi le stress sur le genou.

Voici un guide pratique pour les parents :

  • Dialoguez : Établissez une communication ouverte avec l’entraîneur pour ajuster la charge d’entraînement, en privilégiant la qualité à la quantité.
  • Glacez : Appliquez de la glace sur la zone douloureuse pendant 15 minutes après chaque entraînement pour contrôler l’inflammation.
  • Étirez : Intégrez des étirements doux du quadriceps et des ischio-jambiers, 2 fois par jour, en maintenant la position 30 secondes sans douleur.
  • Consultez : Si la douleur est intense, empêche les activités quotidiennes ou persiste plus de 2 à 3 semaines malgré une réduction de l’activité, une consultation en médecine sportive ou en physiothérapie est recommandée.

La maladie d’Osgood-Schlatter se résout généralement d’elle-même une fois la croissance terminée. La gestion vise à contrôler les symptômes pour permettre à l’enfant de rester actif et de ne pas perdre le plaisir de bouger.

L’objectif n’est pas l’arrêt, mais l’adaptation intelligente pour traverser cette période de croissance en toute sérénité.

À retenir

  • Une douleur tendineuse le matin est un signal d’alarme non négociable indiquant une surcharge. Agissez immédiatement.
  • Privilégiez toujours les étirements dynamiques avant l’effort pour préparer vos muscles et abandonnez les étirements statiques pré-entraînement.
  • La progression de votre volume d’entraînement ne doit jamais excéder 10 % par semaine pour permettre une adaptation sécuritaire de vos tissus.

Comment savoir si vous devez consulter un kinésiologue ou un physiothérapeute ?

Face à une douleur ou à un objectif sportif, il est parfois difficile de savoir vers quel professionnel se tourner au Québec. Le physiothérapeute et le kinésiologue sont deux experts du mouvement, mais leurs champs de pratique sont distincts et complémentaires. Comprendre leur rôle respectif est la clé pour obtenir l’aide la plus appropriée à votre situation. Il s’agit d’effectuer un premier « diagnostic différentiel » pour orienter votre démarche.

Le physiothérapeute est le professionnel de la santé à consulter en présence d’une blessure ou d’une douleur aiguë. Son rôle principal est de diagnostiquer, traiter et réadapter les limitations fonctionnelles. Grâce à des actes qui lui sont réservés, comme les manipulations articulaires et le diagnostic physiothérapeutique, il peut évaluer la nature d’une blessure (entorse, tendinopathie, claquage), établir un plan de traitement pour réduire la douleur et l’inflammation, et vous guider dans un retour sécuritaire à vos activités. L’accès direct, sans référence médicale, en fait la porte d’entrée du système pour toute blessure neuro-musculo-squelettique.

Le kinésiologue, quant à lui, est le spécialiste de l’activité physique à des fins de prévention, de maintien ou d’amélioration de la santé. Son rôle intervient principalement en amont de la blessure (prévention) ou après la phase de réadaptation aiguë (optimisation de la performance). Vous consulterez un kinésiologue pour obtenir un plan d’entraînement afin de courir votre premier demi-marathon, pour améliorer votre condition physique générale, ou pour adapter votre activité physique si vous vivez avec une condition chronique (diabète, maladie cardiaque). Il ne traite pas les blessures, mais il prescrit l’exercice comme un outil pour être plus fort et plus résilient.

Comme le souligne Guillaume Hamel, physiothérapeute reconnu :

Un professionnel de la physiothérapie peut concevoir un programme d’entrainement comprenant des exercices spécifiquement adaptés à la blessure. Les professionnels de la physiothérapie sont d’ailleurs souvent appelés à travailler de concert avec les entraîneurs privés.

– Guillaume Hamel, Physiothérapeute et ancien physiothérapeute en chef de l’Impact de Montréal

Cette collaboration est fréquente : un physiothérapeute peut prendre en charge un patient après une entorse de genou, puis, une fois la douleur contrôlée et la mobilité restaurée, le référer à un kinésiologue pour reconstruire la force et la performance de manière sécuritaire.

Différences entre kinésiologue et physiothérapeute au Québec
Critère Physiothérapeute Kinésiologue
Situation d’intervention Douleur aiguë, blessure récente Prévention, préparation physique, performance
Accès Direct sans référence médicale Direct
Couverture assurances Généralement couverte (privées) Variable selon les assureurs
Actes réservés Diagnostic physiothérapeutique, manipulations Prescription d’exercices préventifs/de performance
Exemple de consultation Douleur soudaine au genou en jouant au soccer Établir un plan pour un premier demi-marathon

Choisir le bon professionnel au bon moment est la première étape vers une résolution efficace de votre problème et l’atteinte de vos objectifs sportifs en toute sécurité.

Rédigé par Valérie St-Pierre, Kinésiologue accréditée par la FKQ et spécialiste en réadaptation, Valérie œuvre en clinique privée auprès d'une clientèle variée. Elle se concentre sur la biomécanique, la prévention des blessures et le vieillissement actif.